Ma note : 3 étoiles sur 5
Sandra Reinflet est d’abord et avant tout pour moi une artiste auto-stoppeuse, membre du duo des P’tites Poucettes que je vois vivre des aventures au fil des années.
Aussi quand j’ai vu qu’elle publiait son premier roman et que le fil de l’intrigue incorporait la pratique de l’auto-stop, j’ai absolument voulu le lire et le découvrir.
Ne parle pas aux inconnus met en scène une jeune femme quittant le lycée et l’enfance en même temps, à la recherche tant bien que mal de son rite de passage. Les premières scènes ont été pour moi bien dures à lire car assez violentes malgré leur récit léger et insouciant.
Tandis que son monde s’écroule, Camille analyse son entourage, ses parents et surtout sa mère qu’elle juge sévèrement. Son univers tourne autour de son amoureuse qui met les voiles, vraisemblablement beaucoup plus libre dans ses choix, mais relationnellement déliquescente. L’auto-stop ne vient que tardivement dans le récit, mais accélère de façon vertigineuse le rythme.
Je suis contente d’avoir persévéré au-delà de mon malaise et de la première partie. Le roman reprend avec brio toutes les étapes du rite de passage et la route en est l’état liminaire. Je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que les garçons ont plus souvent eu la chance d’être représentés dans ce genre de récit, mais qu’en général les auteurs sont trop prudent quand vient le temps pour une jeune femme de prendre le large. Serait-ce par trop invraisemblable vu les risques encourus ? Pourtant, c’est dans son environnement normal et quotidien que Camille est devenue le plus vulnérable et a dû encaisser une agression…
L’écriture est fluide et agréable, mais en tant que Québécoise, il me manquait des repères : le sociolecte utilisé — un langage d’adolescent franco-parisien — m’était largement inconnu. Je crois avoir demandé à des amis le sens exact d’un mot à toutes les deux ou trois pages…
En somme, j’ai trouvé l’ouvrage agréable et le plaisir de le lire n’a fait qu’augmenter au fil des chapitres, avec la cadence de l’action et les enchaînements maîtrisés de l’autrice. Pour un premier roman, c’est vraiment un ouvrage prometteur qui me donne le goût que confier à Reinflet l’écriture, qui sait, d’un scénario de film ? En espérant y retrouver encore cet appel de la liberté et cette envie de briser les codes !
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