Ma note : 5 étoiles sur 5
Je n’ai certes pas l’habitude de critiquer des oeuvres du 9e art, mais cela ne signifie pas que je ne puisse m’y mettre, simplement que je me sens moins outillée pour en parler autrement qu’avec le coeur. Mon analyse sera donc moins profonde sur cet aspect, ce qui ne m’empêche pas de vivre un coup de coeur avec cette ce scénario d’Olivier Courtois mis en image par Phicil.
La France sur le pouce, c’est un récit sans surprise de mec qui a tout plaqué au tournant de sa vie. Séparation, besoin de liberté, crise de la quarantaine ? Olivier laisse derrière sa vie Lyonnaise et embrasse la vie nomade en levant le pouce aux six coins de l’Hexagone.
Frappé par le vague-à-l’âme, à la recherche de rencontres comme de solitude, Olivier voit défiler les départementales et les petites villes de province plutôt que les autoroutes et les stations-service. Chaque portion du trajet mérite sa vignette mettant en valeur une rencontre marquante et ses anecdotes. Aéré et ponctué de dialogues assez courts, le scénario se déroule sans grande surprise. Toute personne ayant déjà fait de l’auto-stop reconnaîtra les situations, les conducteurs et les aléas climatiques qui meublent le quotidien des arpenteurs de routes.
Cependant, la grande force de cette bédé réside selon moi dans la mise en image allégorique talentueuse par Phicil des états d’âme du nouveau nomade. J’étais complètement embarquée dans chacune de ses divagations, de ses visions quasi hallucinatoires, ébauche de la douce folie qui nous saisit lorsque l’on baroude assez longtemps. J’ai été particulièrement émue par son rapport à la carte routière comme métaphore du mouvement géographique. Je me suis tout à fait identifiée au personnage principal.
Pour ce qui est du dessin, j’ai apprécié le trait nerveux et ébouriffé qui évoquait pour moi le mouvement et une perception plus routarde de l’espace, des gens, de soi. Un habile jeu de mise au point donne de la profondeur au décor qui défile tout au long de cette road BD sans ne jamais tomber dans les clichés beatniks. J’ai aussi été fascinée par les choix de représentation des yeux des personnages, tantôt punctiformes, tantôt ronds, détaillés ou même absents. Parfois troublée, j’ai cherché sans comprendre la signification de ce code graphique. Tant pis, l’émotion suscitée se suffit à elle-même au-delà de toute explication.
En somme, un réel coup de coeur que cette BD chez Dargaud découverte via Anouk et Pierre-Élie du projet « Voyagez-nous ». Je sentais d’ailleurs l’influence de cet ouvrage sur leur démarche tout en lisant le livre.
Une recommandation sans bémol pour tous les stoppeurs de France pour une bédé qui se dévore en bien moins de temps que l’on décolle de la porte d’Orléans…
Laisser un commentaire