Faire du stop en tant que femmes, ça ne vous fait pas trop peur ? Vous avez déjà fait du stop auparavant ?
Plus qu’un mois avant le départ. Comment vous sentez-vous ? Êtes-vous prêtes ?
Nous sommes plus que prêtes, nous sommes dans les starting-blocs !!! Dans notre tête nous sommes parties déjà depuis bien longtemps. Depuis des mois maintenant, nous ne vivons que pour ce départ, du matin au soir, notre quotidien tourne autour de notre projet. On ne pense qu’à ça !!!
Maria : Je rejoins Séverine dans ses propos. Je rajouterai pour ma part que je n’ai plus rien à moi. J’ai tout réglé les questions administratives pour être en règle : j’ai vendu toutes mes affaires (voiture, meubles..), j’ai résilié tous mes abonnements (téléphone, internet…), j’ai résilié mon bail de location. Je suis pour ainsi dire SDF, je suis hébergée à droite et à gauche jusqu’au départ.
Que pensent les membres de vos familles de ce voyage en auto-stop ? Vont-ils vous rejoindre à certaines étapes du voyage ?
Maria : J’évite de trop en parler, le sujet leur fait peur. Aussi bien du côté de la famille à Séverine que de la mienne, l’idée d’une agression revient très vite à l’ordre du jour. On essaye de les rassurer du mieux que l’on peut, en disant comment on va s’y prendre, mais l’inquiétude se lit sur leurs visages. D’ailleurs la crainte qui revient sans arrêt c’est la traversée de la Mauritanie. J’entends tout le temps dire « c’est un pays qui craint…vous êtes folles de traverser ce pays ! », alors je leur réponds toujours la même chose : que ça craint de partout de nos jours et que si on avait peur on resterait chez soi. Non, je ne pense pas que ma famille viendra me rejoindre sur mon parcours. Mais qui sait ?
Séverine : Oui, effectivement nous essayons de préserver nos familles en évitant d’en parler car elles s’imaginent le pire à chaque fois que l’on en parle. Ce sentiment d’inquiétude est naturel et on ne pourra pas leur enlever l’idée de la tête que faire de l’auto-stop est dangereux. Un de mes frères m’a demandé si j’emportais une bombe anti-agression avec moi, des amis m’ont dit d’emporter un couteau et de le garder à portée de main !! Voilà le genre de discussion qui surgit lorsque nous parlons de l’auto-stop ! Il est évident qu’il faut rester sur nos gardes mais il ne faut pas aller jusqu’à la psychose non plus ! A nous de leur prouver que l’on peut traverser la planète entière en stop sans se faire agresser et surtout sans avoir recours à des « armes » de défense !!
Comment prévoyez-vous de passer les océans ?
Selon vous, quel sont les plus gros défis qui vous attendent ?
le 17 décembre 2012 à 8h45
depuis l’école Carbonel de Saint-Victoret
Wow ! La traversée du désert ne me ferait pas très peur, mais il est important qu’elles arrivent au plus vite à Dakar car elles risquent de se retrouver coincées aux îles Canaries en février. L’attente en bateau-stop peut-être dure sur le moral, et Ludovic Hubler l’a bien vécue à Dakar. La BDGV leur sera peut-être utile…
Sans vouloir porter de jugement, l’aspect familial me semble un poids de plus dans les bagages de ces femmes inspirantes. Quel dommage de ne pouvoir en parler avec la famille. Qu’en pensez-vous ? Vous êtes vous déjà retrouvées dans une situation similaire ?
4 Commentaires for “Interview-stop : Maria et Séverine, un tour du monde en auto-stop”
Sylvie
dit :Partis faire le tour du monde sacs au dos en famille avec nos enfants ados de 12 et 16 ans, dans des conditions plus classiques que Séverine et Maria, on a dû aussi faire face à nos familles inquiètes pour nous (santé, scolarité…). Mais au retour, c’était plutôt de la fierté.
Anick-Marie Bouchard
dit :J’imagine ! À vrai dire, les famille voyageuses m’éblouissent et me fascinent moins pour le courage de faire face aux dangers de la route (sentir le ton ironique ici) que pour l’audace d’aller à contre-courant, malgré les réactions de l’entourage.
Malgré cela, je n’ai jamais entendu une famille dire : « On n’aurait jamais dû partir. » Et vous avez tout mon respect et mon admiration !
Christophe (Voyage Sur Le Fil)
dit :J’adore ta réponse « Passé la majorité… », j’ai même envie de dire, mais pourquoi, lorsque je voyage, je rencontre très peu de voyageurs ayant plus de 25ans ? Je parle de ces voyageurs partant pour quelques mois au moins!
Donc chapeau bas à Séverine et Maria qui plaquent tout pour partir sur les routes.
Moi même, je grandis l’idée de partir voyager longtemps. J’en ai parlé à mes amis et ma familles, ça ne les a pas trop étonné mais j’ai bien sûr entendu les mêmes craintes:
– tu vas te faire zigouiller
– si tu quittes ton boulot, et qu’il y a la crise au retour?
J’essai de dédramatiser en parlant du dernier fait divers horrible arrivé à deux pas de chez soi…
Mais j’essaie surtout de faire comprendre que c’est devenu une nécessité que de partir. Comme dirait Bernard Moitessier (navigateur) j’ai envie de voyager « peut-être pour sauver mon âme ».
Anick-Marie Bouchard
dit :On parlait justement de ton deuxième point hier avec ma professeure d’anthropologie du tourisme. Il semblerait que les moins de 25 ans ont une espèce de naïveté récurrente, une confiance face à l’avenir qui fait en sorte qu’ils quittent en se disant qu’ils se démerderont bien au retour.
Ses recherches s’étant concentrées sur des pays anglo-saxons, elle a remarqué que beaucoup avaient voulu s’éviter le pire de la crise en partant voyager.. Hors, la crise est à son pire depuis des décénies et s’éternise en Angleterre…
Le contexte en France est bien différent : même si les années de césures sont mal vues sur le marché du travail, partir à l’étranger pour lutter contre la phase de chômage post diplomation n’est pas tellement stigmatisé : ça peut très bien permettre d’aller maîtriser l’anglais… De plus, beaucoup de jeunes vont « voyager utile » pour aller chercher au passage une expérience qui viendra complémenter leur CV…
Je pense qu’à un âge plus avancé, cela signifie souvent risquer de perdre un CDI, et est jugé plus durement… D’autant si des engagements et responsabilités familiales ou financières s’ajoutent ! Et puis, avec 5 semaines de vacances (2 ici au Canada), on arrive tout de même à voir un peu du pays, et on tient le coup plus longtemps !