À 15 kilomètres de la capitale de la Nouvelle-Zélande, la petite ville de banlieue Maungaraki a testé quelques années les panneaux d’auto-stop organisé.
Le système était très minimaliste : deux panneaux pour deux destinations distinctes furent installés à neuf endroits sûrs pour l’arrêt sur le domaine public (arrêts d’autobus existants).
Le nom de l’initiative est un jeu de mot en anglais : un Hitching Post est un poteau sur lequel on peut attacher son cheval… d’où l’utilisation de l’imagerie équestre sur les documents promotionnels.
Lancé en juillet 2007, ce système simple était présenté à la fois comme transport en commun et comme une forme novatrice de covoiturage par son instigateur, l’élu municipal Chris Milne.
Utiliser un transport public qui passe tous les trente secondes, pas toutes les trente minutes
Christopher Milne, instigateur des Hitching Posts
- Est-ce du covoiturage ?
- Non, c’est mieux. Vous n’avez pas à vous plier à l’horaire d’autrui. Pas d’attente, pas d’appels téléphoniques.
- Est-ce que les conducteurs me déposeront là où j’ai besoin de me rendre ?
- Le système d’auto-stop spontané ne propose que deux destinations – le centre de Hutt ou le centre-ville de Wellington. Vous devrez négocier le reste avec le conducteur, selon leur destination.
- Est-ce que je dois accepter le trajet qui m’est offert ?
- Si la proposition de trajet ne vous satisfait pas, refusez poliment et attendez un autre trajet ou prenez le bus.
- Qu’en est-il de la sécurité ?
- Maungaraki a un taux de criminalité très bas. Néanmoins, les précautions d’usage sont recommandées, comme avoir un téléphone mobile à portée de main et informer un proche de votre intention d’utiliser le système pour votre déplacement.
- Si je fais du stop, dois-je payer ?
- Non, mais une contribution symbolique d’une pièce jaune (0,65-1,30€) est suggérée.
- Le service de bus sera-t-il affecté ?
- Le conseil municipal de Hutt s’engage à faire fonctionner les deux systèmes côte-à-côte.
Le système était vu comme une expérience sociale doublée d’une approche écolo d’optimisation des voitures effectuant déjà les trajets. L’attente dépassait rarement dix minutes.
La petite communauté de moins de 4000 habitants fut cependant divisée dans son acceptation du système. Ses opposants évoquaient notamment la question de la sécurité, tant pour les auto-stoppeurs que pour les conducteurs. Ce n’était pas le système qui était attaqué, mais la notion même d’encourager à la pratique de l’auto-stop, notamment dans le contexte de la Nouvelle-Zélande qui a connu quelques meurtres d’auto-stoppeurs fortement médiatisés (Dagmar Pytlickova en 2012, Birgit Brauer en 2005).
L’élu fut d’ailleurs attaqué personnellement pour l’originalité de l’initiative bien que le taux de criminalité de la région soit exceptionnellement bas. Les utilisateurs sont responsables d’assurer leur sécurité, comme pour toutes les autres activités auxquelles ils prennent part.
Faire du ski ou conduire jusqu’à Auckland un vendredi soir, c’est déjà plus dangereux que de faire du stop. […] On n’empêche pas les gens de jouer au rugby car ils pourraient se casser une jambe.
Certains détracteurs critiquaient aussi la dimensions esthétique des panneaux.
Le système a pris fin en 2012 suite à l’intervention du leader de l’association communale de Maungaraki, Rick Mooney. L’association a refusé de distribuer l’information fournie aux résidents, en dépit de sa disponibilité.
Je n’ai jamais aimé cette idée. Il y a une forêt pleine d’auto-stoppeurs morts en Australie. […] Mon point de vue est que c’est dangereux, mais je ne veux pas forcer ma vision sur qui que ce soit.
Rick Mooney, en faisant référence à la forêt de Belango où Ivan Milat enterrait ses victimes.
Pendant toute la durée de l’expérience, aucun incident malencontreux n’a été signalé.
Les Hitching Posts sont visibles sur les archives de Google Street View en novembre 2009.
Reportages radio sur le système (en anglais)
Enquête sur le système – quelques chiffres :
- Sur 108 personnes de tous âge sondées, 56 % avaient entendu parler de l’initiative. 88% étaient des conducteurs de véhicules
- Les opinions étaient très partagées :
- 21 % fortement en faveur, 37 % en faveur : Ceux qui étaient en faveur avaient généralement besoin du service, étaient plus jeunes ou plus solidaires de la jeunesse et avaient un préjugé favorable envers l’auto-stop, lequel était perçu comme un moyen de transport écologique, solidaire et porteur de communauté. Plus d’hommes que de femmes se trouvaient dans cette catégorie.
- 22 % neutres : Les répondants se disant neutres face au système d’auto-stop se montraient toutefois légèrement favorables et disposés à prendre des auto-stoppeurs. Le groupe était surtout constitué de personne d’âge moyen n’ayant pas de besoins en transport.
- 21 % opposés, 7 % fortement opposés : Les répondants opposés ont invoqué des craintes pour la sécurité. Ils n’avaient pas besoin de transport. Les femmes étaient ici légèrement majoritaires. Les personnes les plus hostiles au service n’invoquaient pas la sécurité, mais ne semblaient pas se sentir concernés par la dimension solidaire (communauté). Ils semblaient cyniques.
- La majorité des répondants se disaient disposés à prendre des gens en stop, surtout les personnes âgées (64 %) et les femmes (58 %). Les adolescents (42 %) et les hommes (35 %) étaient globalement moins bien perçus.
- 28 % se sont dit disposés voire enthousiastes de tenter l’auto-stop si le besoin s’en faisait sentir.
Source : Hitching Post Presentation – survey results by local Year 11 students
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