Les histoires d’auto-stoppeurs me passionnent, il est vrai. Je m’attache aux personnages, à tous ces gens qui gravitent autour de la route, des routiers aux prostituées, des commerciaux aux covoitureurs.
Et puis, il y a les auto-stoppeurs eux-mêmes, une espèce rare, certes, mais toujours bien vivante. Dans leur apparente homogénéité, on y décèle parfois des oiseaux rares, des personnes âgées, racisées, des femmes, des neuroatypiques, des LGBT…
Dans ma typologie des auto-stoppeurs, Miran entrerait dans la catégorie « épique ». Pourquoi « épique » ? Parce que son expérience intime de la route est une épopée. Il n’y a pas de petites sorties, chacune à son importance. Chacune ajoute des kilomètres à son parcours de vie. Le fondateur, directeur et curateur du seul et unique musée de l’auto-stop (mobile, en Slovénie) ne fait pas les choses à moitié. Il est amateur de records, de grandiose, d’inédit.
C’est le livre que j’ai pris dans mes mains vingt fois sans vraiment arriver à lire longtemps. Il n’est pas mal écrit, pourtant, mais il est dense. Chaque chapitre représente soit une anecdote longue, soit un thème illustré par de nombreuses anecdotes (animaux, routiers, doppelgangers…). Le fil rouge entre chaque histoire est pour le moins ténu : il s’agit avant tout d’un recueil d’anecdotes qui auraient pu être recueillies autour d’une bière, à force de côtoyer Miran. Mais lire ce livre d’une traite est une autre paire de manches. S’il est haut en couleurs, le personnage devient lassant tant il est centré sur lui-même (le fameux ego de l’autostoppeur…), sans parler de son humour qui peut très bien ne pas plaire à tout le monde car s’il fait dans l’auto-dérision, il ne fait pas forcément dans le féminisme…
N’empêche que les passionnés de l’auto-stop y trouveront leur compte : les aventures dont il fait l’expérience sur la route son typiques de tous les auto-stoppeurs. Son expérience de stop sur de nombreuses décennies offre tout de même un autre regard qui s’éloigne des vingtenaires ingénieurs ou issus d’écoles de commerce « plaquant tout pour vivre une grande aventure humaine. » Ipavec est passionné de sport, de son pays, de développement local et régional, il fut businessman et maire de sa commune, il aura connu Taizé et la Pride d’Amsterdam, les Hare Krishna et les hommes politiques… Ses expériences sont éclectiques, ses obsessions sont loufoques. Son livre est à la fois un journal, un recueil et dans un certain sens un testament du loup des routes qui parcourt encore l’Europe en stop à près de 60 ans.
Il aura eu le mérite de me donner encore plus envie d’aller à la rencontre de Miran, pour entendre au moins une histoire autour d’une coupe de Rebula et surtout, voir les collections de son étrange musée, lesquelles tournent plus autour des objets qu’il aura collectés le long des 299792,458 kilomètres parcourus en stop : balles de ping pong, billets de concerts, sous-verres, memorabilia sportif, etc.
Et quand il passera la marque des 599584 km, nul doute qu’il saura nous pondre un deuxième tome !
Livre également disponible en slovénien sous le titre Avtoštoparske zgodbe
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