Isabelle… C’est le plus beau cadeau que m’a fait Sandrine, cette future aventurière à vélo qui traversera le Canada l’été prochain. Il n’a suffi que d’un petit message sur Facebook pour que nous soyons en contact alors même qu’elle bougeait en Asie (Corée, Japon, Chine…)
Comment s’est-elle mis au stop, en France ? Ça m’a fait bien rigolé…
« J’ai commencé à en faire un mode de transport quotidien en France suite à l’heureuse mort de ma voiture, une vraie libération ! »
Alors voilà, une femme dans la trentaine comme moi, qui fait du stop en solo pour se déplacer et puis par plaisir. Heureuse de vous présenter ma douzième auto-stoppeuse fantastique !
1. Qui es-tu ? Présente-toi en quelques mots pour les lectrices de Globestoppeuse.
Je m’appelle Isabelle, j’ai 37 ans.
Sociable mais assez sauvage, je m’exprime par le crayon, qui donne un fil conducteur à ma route.
Depuis quelques années, je dessine, j’apprends : je suis artiste en fabrication. Je m’inspire de mes voyages, des rencontres, de la nature.
Amoureuse de l’Asie, j’ai aussi une fascination pour les arbres qui sont comme des points de repères, des racines dans ma vie actuelle plutôt nomade.
Contemplative et curieuse, j’aime la poésie de la vie, être touchée par la sincérité et la sensibilité des belles âmes.
Après avoir tenté « la vie normale » sans grande conviction, j’ai choisi il y a deux ans de vivre ce qui m’épanouit dans le moment (voyager, nomadiser, dessiner, vivre…), et si en apparence, cela met parfois en marge de la société, si cela soulève des grands moments de doute, je découvre que c’est pourtant ce qui me relie avec le plus de force aux autres et à moi-même.
2. Comment décrirais-tu ton style de voyage ?
J’ai découvert la nomade qui sommeillait en moi sur le tard. Depuis l’enfance, j’avais envie de voyages, d’aventures mais je n’osais pas franchir le pas. Alors, je me sens maintenant en voyage initiatique, en voie d’apprentissage.
Mes voyages sont lents car j’aime prendre le temps, puis soudain ils s’accélèrent au gré de la route, des rencontres et du stop.
Ils sont bordéliques, hésitants, confiants, sans trop de plans mais guidés par la curiosité, la rencontre humaine et artistique. Parfois, le lieu m’importe peu tant qu’il se passe quelque chose d’étonnant. Et la vie est juste étonnante.
Quand il y a du cœur, ce qui est simple devient extraordinaire. Partager un thé au beurre dans une maison tibétaine, dormir au creux d’une montagne, découvrir la mue des arbres, être réveillée par le chant des moines, voir la lumière du jour éclairer le lac Baïkal… ou regarder le vent souffler dans les feuilles d’automne en France…
Je voyage à mini budget, emplie à la fois d’une grande timidité qui me freine et d’une énergie de découverte qui me fait avancer. Je voyage aussi en utilisant les réseaux alternatifs organisés ou spontanés d’échange de services.
3. Tu es une auto-stoppeuse. Que penses-tu de l’auto-stop ? Qu’est-ce que cela représente pour toi ?
Je fais du stop en voyage et dans ma vie quotidienne, sans que ce soit quelque chose de systématique pour autant. J’ai pu lever le pouce juste pour aller à la poste, faire des courses… ou voyager. J’en fais parfois mon quasi unique moyen de transport comme au Japon… mais peux l’oublier un mois entier, surtout quand mes dessins pèsent trop lourd…
J’aime l’auto-stop car il me donne la sensation d’être au cœur de la vie.
Parce que sur la route, je sens l’énergie du mouvement.
Parce que les belles rencontres survenues dans un contexte où l’on ne sait rien de celui ou celle qui va s’arrêter me rappellent qu’en ayant confiance en la vie, en l’humain, on sème les graines des arbres qui vont fleurir.
Parce que c’est un moyen de découvrir la vie locale avec les locaux.
Parce que je rencontre parfois des gens que d’ordinaire j’aurai peut-être évité et que cela fait tomber mes préjugés.
C’est aussi une alternative de transport moins polluante, une possibilité de voyager pour les mini budgets (merci).
J’aime la façon dont on entre en proximité avec le stop. De l’ordinaire à l’extraordinaire… En un rien de temps, me voila partageant un pique-nique avec une famille, écoutant les explications des géologues venus étudier une secousse sismique, ou écoutant les « secrets » du routier clamant dans sa Cibi.
Je crois aussi qu’il n’y a pas de hasard dans les rencontres du stop… Elles sont le plus souvent belles…
Le stop, c’est magique…
4. Être une femme, ça change quoi pour toi en stop ?
En tant que femme, faire du stop seule demande beaucoup plus d’énergie. Il faut être attentive et écouter son intuition car même s’ils représentent un micro pourcentage, certains hommes sont passés à côté du concept du stop et continuent à confondre fantasme et réalité. Trois ou quatre fois, ça a donné lieu pour moi à des situations désagréables, un peu flippantes ou grotesques. Ce sont des situations isolées mais je me suis sentie très vulnérable en tant que femme. J’ai alors arrêté provisoirement de faire du stop, découragée par leurs attitudes sexistes et peu respectueuses… Heureusement, ces conducteurs ne sont jamais passés des mots aux actes.
Mais arrêter de faire du stop à cause de quelques mauvaises rencontres (qui auraient pu avoir lieu n’importe où ailleurs), cela serait comme arrêter de rencontrer des inconnu(e)s parce qu’on ne sait jamais qui ils ou elles sont…
Les rencontres sont souvent si belles que je préfère dépasser mes peurs, rester attentive et calme mais ferme face aux situations qui pourraient dériver. J’ai déjà utilisé des astuces que tu décrivais dans une interview sur le stop au féminin, et honnêtement cela a très bien marché…
La plupart du temps, être une femme représente un avantage en stop. Je pense que les conducteurs s’arrêtent en effet plus facilement, parfois même dans l’intention de nous « protéger ».
5. Tu réalises des dessins inspirants sur le voyage, ta vie nomade et le stop, peux-tu nous en dire quelques mots ?
Je n’ai pas fait d’école d’art, j’apprends au gré du vent et des coups de cœur. Après un séjour de 2 ans en Asie, je suis tombée amoureuse de Taïwan. Je prépare donc un futur voyage en stop en Europe, mes dessins sous le bras, afin de financer mon projet : apprendre la calligraphie à Taïwan…
Je me pose d’abord quelques temps en France et en profite pour exposer les dessins de ce voyage.
- Première expo, du 8 au 16 novembre, au Fort de Villes de Saint-Nazaire, dans le cadre de l’événement « Trente jours autour du monde« . Pendant l’expo, je propose au public de venir accrocher son récit et/ou son dessin de voyage sur un des murs du Fort. J’en illustrerai quelques-uns. Il y aura aussi une soirée récit de voyage.
- J’exposerai ensuite à Nantes en décembre, puis Ancenis à partir de janvier.
Les autres dates suivront sur mon blog.
J’ai d’autres projets en cours, qui prendront certainement du temps avant d’éclore : un carnet de voyage, une bande-dessinée dont l’action se situe en Bretagne, des histoires d’arbres et un blog de voyage, déjà existant mais peu développé.
En attendant, je poste quelques nouvelles sur Facebook – Encres Nomades et sur mon site Web : http://www.isabelleflourac.wordpress.com
6. Un conseil pour les femmes voyageuses ?
J’ai envie de dire aux femmes qui veulent voyager seules mais n’osent pas se lancer ou qui ont envie de changer leur mode de voyage mais restent hésitantes :
Suivez votre intuition et votre cœur ! N’écoutez pas les peurs que projettent les autres parce qu’ils veulent vous protéger ou sont pessimistes. Ne regardez que les vôtres. Chacun sait au fond de lui ce qui est possible et bon pour lui-même.
Je leur dirais de croire en elles et d’écouter cette part d’elles qui rêve de se lancer. De dépasser le jugement, le regard ou l’avis des autres, qu’ils viennent de l’entourage social, des amis ou de la famille… de dépasser tout cela pour se réaliser soi.
Que l’on soit timide et gauche ou courageuse et délurée, cela n’a pas d’importance.
Si l’on sent que c’est juste… à essayer, on a tout à gagner…
7 Commentaires for “Autostoppeuses Fantastiques : Isabelle Flourac d’Encres Nomades”
Lydia
dit :Merci pour cette présentation, je suis un peu comme elle, parfois j’aime bien prendre mon temps pendant mes voyages pour découvrir la culture du pays et pouvoir visiter un maximum de choses. Puis, c’est vrai qu’au fil des rencontres, on change notre trajet et parfois ça devient un peu bordélique ! ^^
Globestoppeuse
dit :Ça fait plaisir ! On m’a dit qu’elle a fait imprimer des cartes postales et que je vais en recevoir une bientôt… Je suis vraiment fan de son art !
Rachel @ Voyager avec Découverte Monde
dit :Mais quelle belle découverte que tu présentes là Anick Marie. Elle a du talent autant dans le dessin que l’écriture. Un vraie plaisir à lire. Bonne chance dans ton projet d’aller en Taiwan Isabelle 🙂
Globestoppeuse
dit :Mais oui, moi aussi j’en suis amoureuse 🙂
Interviewée par Anick-Marie Bouchard pour « Globestoppeuse.com | «Isabelle Flourac
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Interviewée par Anick-Marie Bouchard pour « Globestoppeuse.com | «Isabelle Flourac
dit :[…] pouvez lire directement l‘article intégralement sur son site, où vous ferez sans doute de belles découvertes si le monde de […]
Interviewée par Anick-Marie Bouchard pour « Globestoppeuse.com | «Isabelle Flourac, encres et aquarelles
dit :[…] pouvez lire directement l‘article intégralement sur son site, où vous ferez sans doute de belles découvertes si le monde de […]