J’ai rencontré Seb suite à un message qu’il m’a fait parvenir à la lecture de mes projets d’auto-stop vers Yellowknife cet hiver (malheureusement avortés). On s’est promenés dans Montréal, je lui ai indiqué ma façon fétiche de sortir de Montréal vers l’ouest puis prodigué quelques conseils pour se rendre à Edmonton, compte tenu de mon peu de connaissance « terrain » du chemin. Mes conseils avaient surtout trait à l’équipement d’auto-stop d’hiver, objet d’un autre de mes posts sur ce blog.
Seb est un passionné d’auto-stop qui le pratique par pur plaisir et non par contrainte financière. C’était donc un défi intéressant pour lui d’en faire l’hiver au Canada. J’ai eu le bonheur d’avoir de ses nouvelles, comme promis, et il a accepté que je partage avec vous son expérience et ses impressions.
Salut Anick-Marie,
Après bien des péripéties, je suis (enfin!) arrivé à Edmonton. Mais je dois t’avouer que j’ai beaucoup triché pour arriver jusqu’ici!
Je te confirme en effet que le stop au Canada est carrément « hardcore ». Au point d’après moi, de perdre (presque) tout intérêt.
Mais commençons par le début : de Montréal, j’ai finalement opté pour la solution que tu m’avais proposée, le contournement de Montréal en prenant le bus jusqu’au terminus et petite marche. Je suis arrivé à Ottawa sans problème chez mon premier Cs. C’est à partir d’Ottawa que ça se gâte ; 150 km de parcourus dans la journée. Ouch, le moral en a pris un sérieux coup! Je me suis retrouvé coincé à Pembroke, attendant des heures sur un tronçon bien fréquenté pourtant et « safe » pour s’arrêter.
De Pembroke, j’ai terminé en bus jusqu’à Deadmonton [ndlr : Edmonton, dit avec cynisme]. J’ai pourtant essayé à de nombreuses reprises : à Sudbury et Sault Ste Marie, changeant de stratégie à chaque fois mais rien à faire. Je suis même allé jusqu’à me procurer une veste réfléchissante et un drapeau canadien pour attirer l’attention et faire « professionnel ». Le froid n’est pas un problème, le problème c’est que personne ne s’arrête (ou alors à moins d’attendre des heures (journées?).
Le profil à ce sujet des personnes qui m’ont pris en stop est sensiblement le même : homme la cinquantaine et plus avec un passé d’auto-stoppeur. J’ai fait du stop en Europe et au Moyen-Orient, c’est la première fois que je ressens autant de méfiance et d’indifférence (sauf pour la partie Québec, bien sûr 🙂
Histoire drôle : en attendant le bus après plusieurs essais infructueux, je vois en première page du journal local « Psychotic strangler walks free ». Ca m’a beaucoup amusé…
Quelques impressions :
- la circulation ne connaît aucun goulot d’étranglement, ce qui augmente considérablement le temps d’attente.
- les lorries [ndlr : routiers] sont autant réticents à embarquer les stoppeurs.
- je pensais que le froid favoriserait le contact. C’est l’inverse en fait, ça fait encore plus bizarre et les conducteurs ne peuvent pas discerner l’apparence des piétons à cause des vêtements, bonnets, capuches.
- je me suis résigné à prendre le bus non seulement pour avancer mais surtout pour honorer mes RDV avec mes CS. Par 2 fois, j’ai dû repousser mes arrivées et un CS n’a pas pu me recevoir en dépit de mes « flexible dates ».
- comme je te l’avais déjà dit, je voyage en stop pour rencontrer les locaux : hommes, femmes, familles, jeunes, moins jeunes. Ca me paraît plus difficile dans le Middle West canadien.
Anecdote : aux environs de SSM, une voiture s’arrête en pleine tempête de neige, la nuit. Au volant, deux jeunes canadiennes membres de CS! Comme quoi, il n’y a pas de hasard 🙂[…] Précision : l’état d’esprit dans lequel on voyage est important : je ne tenais pas, cette fois-ci plus que d’autres, à m’éterniser sur la route, ce qui a influencé grandement mon attitude. »
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