Je fais déjà du stop à peu près tous les jours (en France), j’ai déjà voyagé en stop seule ou à plusieurs, donc je suis assez à l’aise avec le concept. Je m’interroge maintenant sur la possibilité de partir plus loin. J’aimerais aller jusqu’au Japon sans prendre l’avion, ni le Transsibérien car un peu cher. Or, par les temps qui courent, les pays qui relient l’Europe à l’Asie (je pense à la Turquie, l’Irak, la Syrie, l’Iran) sont en climat assez mouvementé. As-tu ou as tu connaissance de femmes seules qui ont fait du stop dans ces régions ? Des précautions à prendre, du type voile ou autre ?
J’avais envisagé la route du nord, mais j’ai peur que ce soit très compliqué de prendre des visas pour la Russie en étant mobile, sans réservation d’hôtel ou de point fixe et sans savoir si cette route est praticable en stop…
Iona
Bonjour Iona,
J’ai moi-même fait pas mal de stop en Turquie et je dois t’avouer que ce n’est pas niveau débutant. Je pense toutefois qu’avec ton expérience, ce ne serait pas particulièrement problématique. Il vaut mieux bien sûr apprendre quelques mots en langue locale…
La partie plus délicate est le choix de son itinéraire. La Syrie me semble tout simplement inaccessible pour le moment. Pour ce qui est de l’Iran, je te recommanderais d’en discuter avec mon amie Flore ou avec Astrid qui ont fait du stop seules là-bas. Étant Canadienne, c’est un pays qui m’est malheureusement entièrement fermé. Je ne te recommande toutefois pas cette voie puisqu’elle débouche vers le Pakistan en voie terrestre où les choses se compliquent pour les voyageurs en général, sans même évoquer la voyageuse…
Pour le Moyen-Orient, ma référence est Rebecca des blogs You are all tourists & Kurdistan Diary qui avait d’ailleurs écrit un assez bon guide pour les auto-stoppeuses en Turquie. Elle y relate aussi une expérience d‘auto-stop « en solo » au Pakistan.
J’aurais tendance à prendre une route plus au nord, semblable à celle que j’ai prise à vélo il y a quelques années : via la Russie et le Kazakshtan, puis le Kirghizstan et la Chine ou encore la Mongolie.
Je n’ai pas rencontré de problèmes particuliers dans cette région qui est très hospitalière. Dès la Turquie, on est facilement accueillis chez les gens. Le voile n’est pas utile, pas même en Turquie ! Je l’ai porté (ou plutôt j’ai porté un bonnet) par respect, parce que j’avais le crâne rasé et les gens que je rencontrais étaient parfois dégoûtés par ma coupe de cheveux.
Les anciennes républiques sont plus tolérantes – le Kazakhstan se targue même d’œcuménisme… Le principal défi reste alors l’obtention des visas et des enregistrements parfois requis (mais c’est plus facile d’année en année, de même que le respect du timing. Ça demande un peu d’organisation, mais ce n’est pas aussi critique que la sécurité comme contrainte.
Pour la Russie, j’avais contracté avec Russie Autrement. Leur site web est bien documenté à cet effet, ils sont aussi de bonnes références pour savoir la situation visa/géopolitique pour les détenteurs de passeport français (ce qui n’est pas mon cas, mais certes !) J’avais eu une lettre d’invitation en échange d’un lien sur mon blog. À l’époque, ils m’avaient fait un beau document qui ne m’a servi que pour solliciter mon visa. Je l’avais tout de même en permanence avec moi.
Pour les routes, je ne peux parler que pour les routes que je connais, bien entendu, et pour celles pour lesquelles j’ai eu un retour en 2013 et 2015 lors de la préparation du Sun Trip. Ce qui risque le plus de structurer l’itinéraire, c’est ta capacité ou non à passer les frontières. Entre l’Ukraine et la Russie, il vaut mieux vérifier les régions et les postes frontières individuellement. Par ailleurs, sache que les Occidentaux ne peuvent pas traverser les frontières Russes du Caucase et donc on ne peut pas entrer en Russie par la Géorgie non plus, même avec un ferry sur la mer Noire.
À l’époque, j’avais pris le ferry depuis Trabzon en Turquie. Aux dernières nouvelles, le bateau passait toujours, mais seulement pour les passagers à pied. Cette route est correcte, sachant que Sochi est un cul-de-sac et que la route qui en sort est montagnarde, il y a beaucoup de passage car tout ce qui entre ressort par le même chemin.
J’avais ensuite pris la direction de Maykop à partir de Tuapse. C’est une route forestière qui n’est pas pavée tout du long. Il y a pas mal de camions qui l’empruntent, mais elle est sans doute plus difficile à poucer que la M4 plus au nord. Par contre, j’ai adoré le contact avec les Circassiens (peuple musulman du Caucase)
La Russie du sud est très diverse. Armavir un peu plus loin est une ville très Arménienne, puis la route jusqu’à Stavrapol est très droite, venteuse, assez ennuyeuse. À partir d’Elista (capitale de la Kalmoukie bouddhiste), on est dans la steppe. Cette route se rend vers Astrakhan et est praticable.
À partir de la frontière avec le Kazakhstan, c’est un peu plus compliqué. Les premiers 100 kilomètres sont un défi, et il y a un no man’s land important entre les deux frontières. Puis, Atyrau est une ville assez riche. Attention ! La route entre Atyrau et Aktobe est impraticable, contrairement à ce qu’en disent les cartes. Il faut donc remonter sur Uralsk. La route est neuve, les gens y roulent un peu trop vite. Puis à partir d’Uralsk, elle est peu fréquentée jusqu’à Aktobe et Kostanai. La route reliant Ekaterineburg à Astana est fréquentée et en bon état.
Pour la Russie en général, le stop y est courant (il y a même des clubs compétitifs). Le porte-étendard de la culture stop là-bas est Anton Krotov, il a écrit des dizaines de livres dont un a été traduit en français : Pratique des voyages libres, chez Pontcerq. On le retrouve ici en substance et en anglais seulement.
Anick-Marie
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