Il me fait plaisir d’ajouter Chip Huyen à la liste des auto-stoppeuses fantastiques qui ont accepté de répondre à mon petit questionnaire. Ce qui m’inspire d’autant plus, c’est sa simplicité d’approche de la vie nomade. Auto-stoppeuse vietnamienne dans la vingtaine, Chip se décrit comme une nomade BarCamp, un type d’atelier-conférence participatif.
Qui es-tu ? Présente-toi en quelques mots pour les lectrices de Globestoppeuse.
Tout d’abord, je suis asiatique. Maintenant, tu m’imagines probablement déjà comme un maître du kung fu ou un ninja… ce que je ne suis pas. J’ai le pouvoir d’invisibilité, mais il ne fonctionne que lorsque personne ne me regarde.
Ensuite, si tu regarde comme il faut, tu peux voir que je suis également une fille. Regarde ailleurs, espèce de pervers ! Je ne te demandais pas de regarder une partie en particulier ! Je voulais seulement dire que je suis petite, même pour une asiatique. C’est toutefois assez pratique pour le voyage. Je peux dormir confortablement sur n’importe lequel canapé et me détendre aisément les jambes dans tous les autobus.
Pour une raison qui m’échappe, beaucoup de gens me disent écrivain du voyage. Je suppose qu’ils croient c’est plus poli que de me traiter de paresseuse. Il est vrai que j’ai publié un livre et quelques chroniques, mais j’écris par plaisir plutôt que comme travail. Je voyage la majeure partie du temps, travaillant ça et là sur la route pour boucler mon budget.
Comment décrirais-tu ton style de voyage ?
Je suis quelqu’un de type sympathique, insouciant et mes voyages reflètent bien ma personnalité. Je n’aime pas les voyages courts. Quand je veux aller quelque part, je me mets en route, je sors mon pouce et espère que tout ira bien.
Tu es une auto-stoppeuse. Que penses-tu de l’auto-stop ? Qu’est-ce que ça représente pour toi ?
L’auto-stop c’est super. J’adore ! Il ne s’agit pas seulement d’économiser de l’argent, c’est l’excitation, les hasard et le côté social. Prendre le bus est trop sûr, trop prévisible, trop ennuyeux. Tu montes dans le bus et tu attends qu’il arrive à bon port. Il se passe très peu sur la route et tu t’endors. Tu ne peux pas choisir de descendre à un arrêt au hasard comme ça, au gré des envies car tu as déjà payé pour ta destination.
L’auto-stop, c’est très différent. Tu dois garder les yeux ouverts en tout temps car tout peut arriver. Tu peux descendre de voiture quand tu veux. Tu ne sais jamais qui va te faire monter. La plupart des gens connaissent bien la route et peuvent te donner des conseils utiles, ou te raconter des histoires fantastiques. J’aime les histoires. J’aime apprendre à connaître les gens. J’ai rencontré tellement de gens intéressants en faisant du stop. Un de mes meilleurs amis actuels était mon conducteur au Malawi.
Être une femme, en voyage, pour toi, ça change quoi ?
N’ayant jamais été un homme auparavant, je ne peux pas comparer les deux. Tout ce que je peux dire, c’est que j’apprécie d’être une fille. Ça semble plus risqué lorsque l’on voyage, mais ça te donne aussi plus de privilèges. Les gens sont généralement plus gentils lorsque tu es une fille. C’est particulièrement utile lorsque tu couchsurfes ou tu fais du stop. Beaucoup de personnes hésitent à prendre des mecs baraqués : « Et s’il m’attaquait ? » ou « Cet homme est fort, il m’a pas besoin de mon aide. » Les gens ont plus tendance à aider une fille, bien sûr, car les filles sont inoffensives et vulnérables.
Tu as écrit un livre, »Xách ba lô lên và đi » (Boucle ton sac et pars), pourrais-tu nous en dire quelques mots ?
C’est la première partie de mon journal de voyage, sur mes pérégrinations autour de l’Asie sans argent. C’est plutôt brut, pas d’histoires travaillées, pas de polissage par des éditeurs. C’est juste une fille de 19 ans un peu naïve qui se réveille un jour avec l’appel du voyage. Elle boucle alors son sac, se prépare à partir trois jours au Brunei et ne revient que deux ans plus tard. C’est vraiment brut. Beaucoup m’ont dit qu’ils n’avaient pas l’impression de lire un livre, mais plutôt d’écouter une copine qui raconte des histoires. Ça m’a vraiment surpris qu’il soit aussi bien reçu au Viêt-Nam. Si je ne me trompe pas, c’était le meilleur vendeur de 2012 dans mon pays. J’espère en faire une version anglaise sous peu.
Un conseil pour les femmes voyageuses ?
C’est extraordinaire d’être une femme.
C’est extraordinaire de voyager
Si tu es une femme et que tu voyages, tu es géniale.
Alors porte-toi bien et profite !
Depuis notre interview, Chip a publié son second livre « Đừng chết ở Châu Phi » (Ne meurs pas en Afrique) où elle relate son parcours à travers 25 pays d’Asie et d’Afrique avec un montant initial de 700 $.
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4 Commentaires for “Auto-stoppeuses fantastiques : Chip Huyen”
Julie
dit :J’adore ta façon de voir les chose , le coté non conformiste qui manque aujourd’hui à notre jeunesse mais en vérité à toute une génération , ça ne fait que râler alors que toi tu fais de ton mieux tu prends le risque. Je compte changer aussi mes habitudes et tenter beaucoup plus l’auto-stop !
Perso
dit :J’apprécie vraiment ton courage car ce n’est pas aisé de partir sur la route à la conquête du monde et ceci en autostop. Ta simplicité doit être un atout. Vraiment je t’encourage et j’aimerais pouvoir essayer cette expérience 🙂
Laetitia
dit :Et bah! J’ai fait la même chose l’été dernier, et je me rêve écrivaine haha!
Enfin, la même chose loin de là finalement. Je me suis envolée pour la Turquie en Juillet à 18 ans, renonçant à ma prépa dans le but de visiter plusieurs pays du monde. Je voulais tout d’abord passer plusieurs mois à Istanbul à réunir de l’argent. Au final j’ai dépensé plus de 2000€ et je vais galérer pour mes études hahaha! (J’y suis restée 4 mois).
Néanmoins l’auto stop c’est toujours dans mes plans, le tour du monde aussi… Mais devant un tel échec je ne peux pas partir à nouveau, je n’ai pas le courage de me prendre une autre claque x) Du coup mon année sabbatique ne m’a pas servit à grand chose, si ce n’est me donner des leçons pour la suite!
Globestoppeuse
dit :Wow ! 2000 € pour 4 mois je ne sais pas si j’en serais désormais capable ! À moins de m’acheter un vélo qui tue…
Mon budget mensuel en Turquie tournait autour de 200 € J’ai pris l’avion de Slovaquie pour y aller (50 €), j’avais trop peur pour m’y rendre en stop, mais une fois sur place j’en ai appris beaucoup de choses… Et je suis rentrée en stop vers Berlin, en quatre jours…
Alors, tu nous diras ce que tu as appris ? Mon dernier article a surement des tuyaux pour toi, du moins dans l’état d’esprit…