Quand le récit de voyage rencontre la chick-lit et que c’est écrit par un homme, ça donne un résultat un peu inhabituel. Sébastien est un des nomades qui fait partie de mon univers, car nous avons beaucoup d’amis en commun même si l’on s’est très rarement croisés. Aussi, quand j’ai appris qu’il avait publié quelques-uns de ses récits en auto-édition, j’étais curieuse du résultat.
La prémisse du voyage se prête bien à la rêverie : inspiré par le roman Volkswagen blues de Jacques Poulin, le narrateur s’achète un van pour partir dans l’Ouest canadien, voyage au terme duquel il tournera à gauche pour descendre sur la côte ouest américaine. Le premier tome nous amène jusque là en trois actes, chacun accompagné d’une rencontre sentimentale qui amène des prises de conscience en éveillant des souvenirs de relations passées. S’il partait d’abord pour se retrouver seul avec lui même, ce sont les rencontres qui font de son voyage un parcours humain et il s’y laisse porter en vivant chacune d’entre elles avec intensité, voire avec romantisme.
Si ce genre littéraire n’est pas exactement ma tasse de thé, l’auteur manie bien la langue et la lecture est facile et agréable. On tombe parfois dans le sentimentalisme à l’eau de rose et les grandes révélations émotionnelles. D’une part, c’est rafraîchissant de lire un jeune homme qui en parle, d’autre part, j’ai trouvé ça un peu lassant puisque le voyage n’est pas autant au cœur du récit et que les amours prennent pour ainsi dire toute la place.
J’aurais préféré un fil rouge plus clair autour du « Pourquoi pas ? » (le nom du van), d’autant plus que c’est une phrase que le narrateur emploie fréquemment en acceptant les invitations. C’est peut-être le rendez-vous manqué de ce livre qui se veut introspectif et émotionnel plus que narratif.
Je vais sans doute lire le tome 2 dans les prochains mois parce que… Pourquoi pas ?
4 Commentaires for “Lectures : À Vancouver tourne à gauche – Sébastien Chion”
Sébastien Chion
dit :Merci pour tes commentaires Anick Marie 🙂 En fait, l’une de mes grandes difficultés après avoir fini d’écrire ce livre a été de comment le classifier. Car ce n’est pas un roman de voyage même s’il pourrait en donner l’impression. C’est bien une histoire de quête personnelle, de rencontres, et d’échanges. Le voyage n’est au final qu’un prétexte, une excuse à ce que ces rencontres se fassent.
Pour ce qui est du « Pourquoi Pas ? » en tant que tel, j’ai longtemps hésité à détailler plus le choix du nom, et les motivations du narrateur… il y a, bien sûr, la référence au Pourquoi Pas ? de Charcot (la raison première) mais aussi, comme tu le fais remarquer, le fait que le narrateur lui même emploi souvent cette phrase. Il se laisse avancer, un peu au hasard des rencontres, parfois un peu passif. Et puis j’ai préféré laisser ces réalisations au lecteur. Une erreur, un manque, peut être.
Il y a une fragilité sous jascente à ce livre que j’assume. Le mélange entre l’incertitude du narrateur, qui ne sait pas qui il est et ce qu’il veut, et celle de l’écrivain en arrière, qui est en train d’écrire son premier roman, et qui, lui non plus, ne sait pas du tout où va le conduire cette aventure. Alors ils avancent ensemble, un peu à tâtons, un peu perdus. Mais ils avancent 🙂
Globestoppeuse
dit :Je n’ai pas trouvé le livre désagréable, 3 étoiles c’est très bien pour un livre auto-édité, j’ai conscience du travail derrière, dis-toi bien !
Je me ferai un plaisir de lire le deuxième tome dans tous les cas, mais j’ai quelques autres lectures à faire d’ici là 😉
Jimmy
dit :C’est un véritable roman à l’eau de rose. Evidemment, les voyages amènent toujours de nouvelles rencontres amoureuses. Pour moi, le titre « tourne à gauche » veut évoquer le sentimentalisme prononcé du narrateur et non la découverte de nouveaux horizons. J’imagine que la prochaine édition parlera un peu plus des périples de Pourquoi pas ?
Globestoppeuse
dit :Je n’avais conçu le titre que dans sa dimension cardinale, un rapport à la carte et à l’espace. Bon, peut-être que l’autre tire un peu à gauche. Reste à voir comment il va se positionner pour tourner en rond 😛