Le sauveteur de touristes par Eric Lange
Ma note: 3 étoiles sur 5
Tout d’abord, j’aimerais spécifier que je ne suis pas familière ni férue du genre polar. Je prends le temps de rédiger une critique puisque l’auteur est une personnalité connue dans mon milieu et qu’il s’agit d’un envoi de presse.
Comme beaucoup d’autres, j’ai été remarquablement surprise par la qualité de ce premier ouvrage. Eric Lange maîtrise bien la langue et connaît vraisemblablement bien les lieux qu’il utilise comme décors pour peindre son histoire. La structure de l’histoire est un peu particulière puisqu’il y a deux phases d’introduction. On devine que la première partie est une mise en situation pour ce qui pourrait devenir une série de livres des aventures de Tom Harlem. La seconde phase introduit plus précisément l’histoire de ce tome. Si le procédé semble nécessaire pour un premier livre, j’ai néanmoins trouvé la première mise en situation longue et fastidieuse. Les descriptions m’ont semblé inutilement violentes voire gore. J’ai dû lutter pour ne pas poser le livre tant il me rendait inconfortable.
À partir du moment où l’on entre dans l’histoire, la narration s’enchaîne à un bon rythme, la séquence est captivante et le personnage principal est bien développé. Le polar ne se veut pas crédible mais plutôt fantastique et j’ai apprécié cette liberté prise par l’auteur de laisser l’imaginaire prendre le dessus. L’intrigue est originale et cohérente. J’ai eu l’impression de retrouver une histoire de Carmen San Diego qui a bercé ma jeunesse, mais où le protagoniste serait un homme qui n’a vraiment plus rien à perdre.
J’ai aimé ce livre et pourtant je ne lui donne que trois étoiles parce que je n’ai pas du tout envie de lire d’autres histoires de Tom Harlem. Ce personnage n’a pas été écrit pour moi – c’est un homme qui vit dans un univers où la femme est un produit de consommation et d’échange. Non seulement ce livre ne passe pas le Test de Bechdel en termes de représentation féminine, mais j’ai senti l’agacement monter en réalisant que pratiquement toutes les femmes intervenant dans l’histoire étaient des putes sauf une, puissante et mystérieuse et tout à fait vide et sexualisée. En gros, l’action se déroule dans le fantasme du héros, un « vrai mec » entouré de violence et de putes. Ça m’a gonflé. Tant que l’auteur ne prouvera pas sa capacité à développer et écrire des personnages féminins significatifs, je vais m’abstenir de le lire parce que franchement, y’en a soupé de ne pas reconnaître la moitié de la planète dans mes lectures. Alors Eric, si tu me lis, dis-toi que tu as la recette pour t’attirer fidèlement au moins une lectrice !
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