Auto-stop : Typologie des conducteurs

De mon savoir empirique, je distingue cinq grands types de conducteurs, en ordre habituel de fréquence qui varie cependant d’un pays à l’autre :

 Les routiers

Le professionnel de la route s’il n’en faut qu’un. Le camionneur ou routier parcourt de grandes distances, surtout lorsqu’il est affecté au transport international ou interprovincial de marchandises. Les règles encadrant son travail sont relativement strictes et la compagnie pour laquelle il travaille a souvent pour politique d’interdire la prise de pouceux. Cependant, la solitude et la difficulté de contrôler l’emporte généralement sur la règle. Les routiers prennent des pouceux pour avoir de la compagnie. Ils pensent la route en terme d’itinéraire et de destination finale, pas en termes de temps ou de destinations intermédiaires. Une fois qu’on a compris comment ils fonctionnent, ils peuvent être une grande ressource sur la route : un café, un peu de chaleur en hiver, des appels au CB (radio) ou des demandes à l’aire d’autoroute pour nous trouver un transport plus avantageux, de l’eau et parfois même de la nourriture, une douche gratuite et un lit pour la nuit. À noter que plusieurs auto-stoppeurs les évitent en Europe car leur vitesse est limitée à 90 km/h tandis que les voitures vont parfois à 130 km/h ou plus…

Les professionnels sur la route

Conducteur commerce par Flickr - Céline Massa
Source – Flickr – Céline Massa

Commis-voyageurs et commerciaux, vendeurs d’assurances, businessmen, scientifiques de retour d’un colloque, etc. Les professionnels voyagent souvent seuls, le jour en semaine et font de bonnes distances. Ils cherchent de la compagnie et prennent pour « donner un coup de main ». Ils sont en général obsédés par leur boulot, ce qui fait qu’ils peuvent être très passionnants à écouter ou au contraire abrutissants. Ils ne comprennent pas du tout ce que vous faites, mais le respectent. J’ajoute dans cette catégorie les gens qui voyagent  de grandes distances chaque jour pour aller au travail (« commuting »  ou déplacement pendulaire).

Les gens qui ont fait du stop par le passé

Hippie Westfalia conducteur par flickr : MGSpiller
Source : Flickr – MGSpiller

Espèce en voie de disparition. Ils viennent d’un coin perdu comme la Gaspésie ou la Bretagne ou ont vécu les années Peace n’ Love (qu’ils évoquent avec nostalgie). Exceptionnellement, ils ont voyagé un peu avec le sac à dos, façon Routard et Lonely Planet et ont tenté l’auto-stop avec d’autres voyageurs rencontrés en auberge de jeunesse. Ils vous prennent pour continuer le cycle karmique en « donnant au suivant ».

Les voyageurs occasionnels un peu perdus

Conducteur perdu par Flickr - jordan.conway
Source : Flickr – jordan.conwaygma

Rencontrés surtout les week-end ou dans des coins touristiques. Ce sont les nouveaux esclaves du GPS, incapables de lire une carte (et souvent de configurer le-dit GPS). Comme ils angoissent de se perdre, ils préfèrent prendre un pouceux pour se sentir moins responsable d’être perdus tout en souhaitant que vous soyez du coin. C’est avec eux que votre sens de l’orientation et vos aptitudes de copilotes sont une valeur ajoutée. Ils peuvent devenir d’enthousiastes preneurs de pouceux… Et vous faire faire bien des détours !

 

Les gens qui sont inquiets pour vous

Conducteur inquiet par Flickr - dtpancio
Source : Flickr – dtpancio

Une catégorie que les femmes et les jeunes garçons bien rasés rencontrent le plus souvent. C’est de loin l’échantillon le plus imprévisible et le plus comique. Parfois ce sont des mamies ne parlant pas l’anglais ou le français qui vous font de grands gestes bienveillants en souriant, vous disant qu’ils vous emmènes seulement huit milles plus loin en omettant de spécifier qu’il s’agit de milles suédois (10 km). Ce sont parfois des mère mono-parentales avec leur bambin sur le banc arrière, plus rarement des papys qui vous engueulent parce que si vous étiez sa fille, il vous foutrait une baffe. Exceptionnellement, ce pourrait être une stripteaseuse qui vous emmène à son travail et va vous reconduire après son quart….Ils font des détours pour vous et tentent souvent de vous faire promettre de ne plus jamais faire de d’auto-stop.

Ailleurs sur le Web

Les Just Doers ont publié leur typologie des conducteurs

5 Commentaires for “Auto-stop : Typologie des conducteurs”

Kekya

dit :

Ayant testé chaque catégorie sauf la dernière, j’en rajouterai une… que j’ai eu l’occasion de tester de nombreuses fois. Je l’appelerais « La Tribu », c’est à dire les personnes qui ont un lien avec toi.

Dans un rayon de 100km autour de ma zone d’attache j’ai souvent été pris en stop par des connaissances (amis, famille, amis d’amis, voisins, …).

En s’éloignant beaucoup plus de ma zone d’attache mais en étant proche de ma zone d’arrivée j’ai aussi été pris en stop par des inconnus cette fois ci, mais qui savaient pertinemment où je me rendais avant de me prendre en stop (Festival de musique, événement « x », …).

J’ai aussi remarqué que porter un drapeau sur soit (un drapeau Breton dans mon cas) peu aussi grandement réduire le temps d’attente car il attire des « compatriotes » et de la sympathie surtout 🙂

Mathieu

dit :

Un excellent résumé ma chère ! Je n’ai pas ton expérience internationale, mais ça correspond totalement à mon expérience du pouce sur la 20 au Québec et sur la 417 en Ontario. Personnellement, je pense qu’au moins 40% des gens qui m’ont ramassé sont dans ta catégorie #2. Mais bon… 80% de mes voyages c’était juste sur la 20 alors ça tinte sûrement mon idée.

Peut-être juste une chose : j’ai l’impression qu’il y a une catégorie de plus, qui entre pas tout à fait dans ta catégorie #3 : je dirais qq chose comme « jeunes étudiants cool ». En gros, j’ai souvent été ramassé par des étudiants qui avaient pas nécessairement fait de pouce mais voulait rendre service ; le plus souvent, ils étaient trop jeunes pour avoir vécu l’époque hippie mais qui aurait bien voulu.

Gwenn

dit :

C’est tout à fait ça et je suis tellement d’accord sur la prépondérance du stop en Bretagne (mais il y a plus perdu, comme coin, en France, que la Bretagne ^^). Je rajouterais également les « jeunes étudiants cools » et surtout les « gens du coin » qui me sont toujours très utiles dans les tréfonds du Finistère : ils rentrent du supermarché, vont rendre visite à un ami, ils font 30km à tout casser mais c’est souvent ces quelques kilomètres qui manquent pour aller d’un petit bled à l’autre sur les routes de campagne. Ils vont souvent avec les gens qui sont inquiets pour vous, cela dit.
(j’en profite pour te remercier du lien que tu as fait vers mon blog 😉 )

florent

dit :

Pour la première catégorie, les camionneurs, le problème est que de plus en plus on de part leur compagnie, l’interdiction de prendre des auto-stoppeur. Personnellement, il m’est donc rarement arrivé d’être pris par des auto-stoppeur.

Anick-Marie Bouchard

dit :

Vos commentaires m’ont inspiré à tenir désormais un journal de bord de mes conducteurs avec des notes comme le genre, l’âge approximatif, des détails sociologique (famille ? enfants ?), notes générales et ressenti de l’expérience. Pas trop compliqué – j’ai une enregistreuse de mémos audio alors j’accumule les données et on verra à la longue si je peux rafiner cette typologie un peu plus.

Pour ce qui est des camionneurs, beaucoup bravent l’interdiction. Pour ma part, je peine à les éviter, même en descendant mon pouce à leur vue, ils s’arrêtent pour moi, plus souvent en Europe qu’au Canada d’ailleurs. Souvent ce sont des Polonais, des Allemands et des Turcs effectuant de longues distances. Au Canada, c’est surtout sur la route Transcanadienne – sur les autres autoroutes, ils se font plus rares.

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