J’ai reçu un mail de la part d’Alix et Maëlle en février :
Nous voilà parties en stop pour six mois, pour rallier Paris à Oulan-Bator. L’autostop se déroule à merveille depuis janvier […]
J’ai relu trois fois le message. Deux nanas en stop vers Oulan-Bator ? Ça n’est pas banal ! Elles réagissaient à mes traductions de quelques citations sur l’absence de femmes dans les récits de voyage sur la route. Leur propos était pertinent et troublant à la fois. Je me retrouvais un peu avec des petites soeurs de pouce en Arménie, en route vers l’Asie Centrale et la Mongolie.
[…] force est de constater que nous devons régulièrement nous justifier auprès de nos chauffeurs ! D’où parfois cette impression d’être des voyageuses « seules », et non « solitaires ». Le plus souvent, nos chauffeurs prennent soin de nous et nous invitent pour le déjeuner ou une nuit chez eux. Nous sommes ravies, bien sûr, mais parfois on souhaiterait garder un peu plus de liberté, comme lorsqu’ils se mettent en tête de nous déposer dans un hôtel alors que nous dormons sous tente tous les soirs !
Je leur ai proposé de devenir des auto-stoppeuses fantastiques. Elles ont accepté, mais seulement APRÈS avoir complété leur voyage, histoire de vous donner des conseils les plus pertinents possible, avec un certain recul.
Et elles m’ont dit ….
POUCEZ-VOUS, ON ARRIVE !!!
Qui êtes-vous ? Présentez-vous en quelques mots pour les lectrices de Globestoppeuse.
Nous sommes Alix et Maëlle, deux étudiantes à Paris de 24 ans, passionnées de randonnée et de nuits sous la tente. Nous nous sommes rencontrées dans une association qui organise un raid écoresponsable. Avant de finir nos études, nous avons décidé de faire une pause de 6 mois pour partir à l’aventure. En septembre, nous reprenons nos études : Alix reprend les cours à Paris, et Maëlle enchaîne avec un stage en alternance. Bref, le retour à la réalité !
Comment décririez-vous votre style de voyage ?
Nous avions toutes les deux envie de voyage alternatif, mais nous ne savions pas exactement comment concilier notre budget étudiant, notre soif d’aventures et la rencontre avec les locaux. L’auto-stop, le camping sauvage et les nuits chez l’habitant collaient donc parfaitement au projet.
En plus, les retours d’expérience de plusieurs de nos amis, partis en stop pour des voyages au long cours, ont renforcé notre envie de partir.
Finalement, notre budget quotidien résume bien notre style de voyage : avec 5 € par jour, on évite les hôtels et les restaurants gastronomiques 😉
Vous êtes des auto-stoppeuses. Que pensez-vous du stop ? Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
L’auto-stop, associé au camping sauvage, nous apporte une liberté que l’on n’avait jamais ressentie avant : on peut s’arrêter où l’on veut, au gré de nos chauffeurs. Cela nous a permis de dormir par exemple sur la Muraille de Chine, dans une ferme en Pologne, sur un toit en Iran, ou chez un évêque en Arménie.
L’auto-stop est aussi très imprévisible : on ne sait jamais quelles rencontres on fera, et où l’on sera le lendemain. On découvre des endroits où l’on n’aurait jamais mis les pieds avec TripAdvisor, et on fait des rencontres improbables (un gardien de prison, un chauffeur en pleine cure de désintox, un moine bouddhiste, un groupe de musique en tournée…)
Enfin, l’auto-stop est une super manière d’en apprendre plus sur la culture du pays en discutant avec nos chauffeurs. Parfois, nous avions la chance d’être invitées chez eux et de partager leur mode de vie.
Être une femme, en voyage, pour vous, ça change quoi ?
Dès le début, on a décidé de ne pas en faire une contrainte, et on a tracé notre itinéraire librement. Mais pendant le voyage, on a dû s’adapter un peu : on a refusé des voitures où il y avait trop de mecs, et quand on sentait une ambiguïté, on prétendait qu’on était mariées et que nos maris nous attendaient à la prochaine ville. Mais sur plus de 400 chauffeurs, ces situations ambiguës se comptent sur les doigts de la main. Pour nous, être une fille a surtout été un avantage : les chauffeurs s’inquiétaient pour nous ou n’avaient pas peur de nous prendre. On a rarement attendu plus d’une demi-heure sur la route, pouces levés !
Poucez-vous, on arrive ! Qu’est-ce que votre projet de voyage en auto-stop, précisément ?
En janvier 2017, on est parties de Paris pour rejoindre Pékin en auto-stop en 4 mois. Après Pékin, on a levé nos pouces jusqu’à Oulan-Bator, où l’on a pris un train pour aller jusqu’à Moscou. On est en ce moment sur la route entre Moscou et Paris, toujours en stop, pour boucler la boucle, et rentrer en juillet.
Un conseil pour les femmes voyageuses ?
Avant le voyage, il vaut mieux se préparer mentalement à toutes les situations, pour pouvoir réagir en cas de problème et garder son sang-froid. Pour nous rassurer, on avait toujours notre couteau suisse à portée de main (même s’il n’a servi qu’à éplucher des concombres). On gardait aussi à l’esprit qu’on pouvait descendre de voiture quand on le voulait.
Autre conseil : toujours montrer que l’on est à l’aise et que l’on n’a pas peur, c’est la meilleure façon de détendre l’atmosphère et d’en profiter.
Enfin, dernier conseil : ne vous privez surtout pas de partir parce que vous êtes une fille, foncez, vous ferez des rencontres inoubliables !
Merci Alix et Maëlle !
Vous êtes des auto-stoppeuses fantastique et vous me donnez la pêche ! Il me tarde aussi de repartir vers l’Asie !
Laisser un commentaire